Le
Comité d'Organisation des Jeux de Paris (Cojo) a achevé ses comptes. Son
budget s'établit à 4,5 milliards d'euros, sans dérapage dans les derniers mois. Il a même dégagé quelques millions d'euros d'excédent, dont une partie sera reversée au mouvement sportif français.
«C'est une immense satisfaction de présenter ces chiffres puisqu'ils sont positifs», s'est félicité
Tony Estanguet, le président du Cojo, lors d'une présentation à la presse en amont d'un Conseil d'administration jeudi. Si les comptes sont adoptés à cette occasion, Tony Estanguet a prévu de «terminer sa mission» de président à ce moment-là.
Le budget s'établit à 4,481 milliards d'euros. En 2018, il était de 3,8 milliards d'euros, supérieur aux 3,2 milliards inscrits dans le dossier de candidature «Il y a 26,8 millions d'euros d'excédent», a précisé mercredi le directeur financier du Cojo Fabrice Lacroix. La répartition de cet excédent n'est pas encore décidée même s'il est statutairement prévu qu'une partie aille au Comité olympique (CNOSF), au CIO ainsi qu'au développement du sport français pour 60%. Certaines discussions de «fin de partenariat» sont encore en cours, comme par exemple avec GL Events ou Le Coq Sportif, équipementier placé en redressement judiciaire, a-t-il précisé à l'AFP. «On ne fera de cadeau à personne», a-t-il dit. Les chiffres peuvent donc encore légèrement évoluer d'ici la dissolution du Cojo fin juin 2025.
Plus de billets vendus
Par ailleurs, en vertu des droits marketing, il est déjà prévu «de reverser 9 millions d'euros» au CNOSF et au Comité paralympique français (CPSF). Le budget du Cojo est quasi entièrement privé. Il repose sur les sponsors (1,238 milliard d'euros), le Comité international olympique (1,228 md EUR) et la billetterie qui a été plus importante que prévu à 1,333 milliard d'euros du fait du «succès de l'évènement». Plus de 12 millions de billets ont été vendus. Et le succès de la cérémonie d'ouverture sur la Seine du 26 juillet a accéléré les ventes tant pour les JO que pour les Paralympiques.
La plus grosse hausse du budget (+10%) est intervenue fin 2022, notamment en raison de l'inflation. Le Cojo avait alors reçu un renfort d'argent public de 111 millions d'euros de la part de l'État et des collectivités principalement pour l'organisation des Jeux paralympiques. Au total, la contribution publique représente moins d'un tiers du coût des Paralympiques. L'inflation a compté pour près de la moitié dans la progression du budget depuis le début, explique le Cojo, le reste étant dû à l'évolution du projet: sports additionnels, cérémonies... Le Cojo ne veut pas préciser le coût de la cérémonie d'ouverture sur la Seine mais seulement le chiffre global des quatre cérémonies: 154 millions d'euros.
Facture publique inconnue
Additionnée au budget de la
Solideo (Société de livraison des ouvrages olympiques), qui a construit le village olympique notamment, d'environ 4,4 milliards d'euros (dont 1,7 milliard d'euros environ d'argent public), la facture est de près de 9 milliards (contre 6,8 milliards d'euros pronostiqués en 2018). Mais, elle ne représente pas le coût total des Jeux car l'intégralité de
la facture publique n'est pas connue. D'après des documents budgétaires du Sénat, le coût de la sécurité, estimé encore provisoirement et intégrant les primes aux policiers, dépasse un milliard d'euros, «plus important qu'anticipé» à l'Assemblée, le rapporteur général du budget, Charles de Courson (Liot), avait fait état en novembre d'éléments du ministère des Finances sur «1,9 milliard d'euros» non budgétés pour les JO. «L'atterrissage est à affiner (...) mais c'est bien le montant» évoqué, avait confirmé le ministre du Budget, Laurent Saint-Martin.
La somme des coûts publics (État et collectivités), incomplète, figure à hauteur de 2,46 milliards d'euros dans un document du budget 2025. La Cour des comptes rendra un rapport sur le sujet à l'automne 2025. Son premier président, Pierre Moscovici, avait évoqué en mars 2024 un coût public «entre 3 et 5 milliards». Au total, pronostique un ancien élu, «tout le monde dira ça a coûté plus cher que prévu mais vu l'image qu'on a laissée, cela vaut bien ce dépassement». Les
JO de Tokyo, aggravés par la crise du Covid et leur report d'un an, à 2021, ont coûté 12 milliards d'euros selon la Cour des comptes japonaise, près de deux fois plus que dans le dossier de candidature.
À Londres (2012), selon les évaluations (variables selon les périmètres), ils ont coûté entre 12 et 15 milliards d'euros. À Athènes, en 2004, les JO, qui ont creusé les déficits de
l'État grec, ont coûté 13 milliards d'euros.