Le 17 mai 2014

Droit à l'oubli : la CJUE soumet les moteurs de recherches à des obligations avec néanmoins un nuance

Droit à l'oubli : la CJUE soumet les moteurs de recherches à des obligations avec néanmoins un nuance
Le « droit à l’oubli » est une question importante.
Le droit de disparaître de la "toile" participe de la protection de la vie privée et des données personnelles.
La question : une personne peut-elle demander que tout ou partie des résultats de recherche la concernant ne soient plus accessibles au moyen d’un moteur de recherche ?
Dans un arrêt rendu le 16 mai 2014, la CJUE prend position.
Elle interprète de la directive 95/46/CE et détermine quelles obligations incombent en la matière  aux exploitants de moteurs de recherche.
Le litige opposait Google à un citoyen espagnol et l’Agencia Española de Protección de Datos (autorité de protection des données personnelles espagnole).
L’intéressé demandait à Google la suppression dans les résultats de recherche de certaines données le concernant lorsqu’une recherche était faite à partir de son prénom et de ses noms.
L’Agence de protection des données personnelles espagnole avait fait droit à la plainte déposée, et ordonné à Google de retirer des données à caractère personnel le concernant de son index et d’empêcher l’accès à celles-ci à l’avenir. C’est dans le cadre du recours en annulation formé par Google contre cette décision qu’une série de questions furent déférées à la Cour de justice.
La Cour juge tout d’abord que l’activité d’un moteur de recherche consistant à trouver des informations publiées ou placées sur Internet par des tiers, à les indexer de manière automatique, à les stocker temporairement et, enfin, à les mettre à la disposition des internautes selon un ordre de préférence donné doit être qualifiée de «traitement de données à caractère personnel», au sens de la directive  95/46/CE.
L’exploitant de ce moteur de recherche doit être considéré comme le «responsable» dudit traitement.
La Cour rappelle en outre que les opérations visées par la directive doivent être qualifiées de traitement même lorsqu’elles concernent exclusivement des informations déjà publiées en l’état dans les médias. La Cour souligne ensuite qu’un traitement de données à caractère personnel, tel que celui en cause au principal, réalisé par l’exploitant d’un moteur de recherche, est susceptible d’affecter significativement les droits fondamentaux au respect de la vie privée et à la protection des données à caractère personnel lorsque la recherche à l’aide de ce moteur est effectuée à partir du nom d’une personne physique.
En conséquence, et pour autant que les conditions prévues par la directive sont effectivement satisfaites,  l’exploitant d’un moteur de recherche est obligé de supprimer de la liste de résultats, affichée à la suite d’une recherche effectuée à partir du nom d’une personne, des liens vers des pages web, publiées par des tiers et contenant des informations relatives à cette personne.
Ceci vaut également dans l’hypothèse où ce nom ou ces informations ne sont pas effacés préalablement ou simultanément de ces pages web, et ce, le cas échéant, même lorsque leur publication sur lesdites pages est en elle-même licite. Pour la Cour, il convient d’examiner si la personne concernée a un droit à ce que l’information en question relative à sa personne ne soit plus, au stade actuel, liée à son nom par une liste de résultats affichée à la suite d’une recherche effectuée à partir de son nom, sans pour autant que la constatation d’un tel droit présuppose que l’inclusion de l’information en question dans cette liste lui cause un préjudice. Une personne peut donc, eu égard à ses droits fondamentaux consacrés aux articles 7 et 8 de la Charte (droit au respect de sa vie privée et à la protection de ses données personnelles), demander que l’information en question ne soit plus mise à la disposition du grand public du fait de son inclusion dans une telle liste de résultats. Ces droits prévalent, en principe, non seulement sur l’intérêt économique de l’exploitant du moteur de recherche, mais également sur l’intérêt de ce public à accéder à ladite information lors d’une recherche portant sur le nom de cette personne.
Dès lors, "le droit de la personne prévaut en règle générale sur l'intérêt des internautes".
La priorité est donc donnée à la protection sur l'information.
Mais, et la nuance est de taille, sauf quand "des raisons particulières telles que le rôle joué par une personne dans la vie publique, justifiant un intérêt prépondérant du public à avoir accès à  ces informations".
Nous considérons qu'il existe ici une grande ambiguïté.
Il faudra trancher entre intérêt du public et voyeurisme.
A quel endroit devrons-nous placer le curseur du droit à l'ingérence ?




Partager sur
Par Philippe Veber Le 22 février 2025

Ligue 1 de football et droits TV : des revenus cruciaux au cœur d'une crise

Les droits télévisés – droits TV –  représentent l’une des principales sources de revenus pour les clubs de football, surtout dans des championnats comme la Ligue 1, où l’écart financier avec les grandes ligues européennes reste marqué.   Ces droits, qui désignent l’ensemble des revenus générés par la diffusion des matchs à la télévision, sont […]

Lire la suite
Par Philippe Veber Le 22 février 2025

Nouvelle formule pour la révélation des livrées en Formule 1 

Cette année, afin de fêter les 75 ans de la Formule 1, la FOM (Formula One Management) a décidé de créer un événement commun de révélation des livrées utilisées par les différentes écuries au cours de la saison à venir.  Le tout agrémenté de  show visuels et de représentation d’artistes.   Cette événement était précédemment […]

Lire la suite
Par Philippe Veber Le 20 février 2025

Le premier naming du Grand Prix de Monaco Formule 1

Le Grand Prix de Monaco, l’un des événements les plus emblématiques du championnat de Formule 1, entre dans une nouvelle dimension en annonçant un partenariat exclusif pour un premier naming officiel. Cette initiative marque un tournant dans l’histoire de la course monégasque, qui se déroule sur les mythiques rues étroites et sinueuses de la Principauté, […]

Lire la suite
Par Philippe Veber Le 20 février 2025

La Fédération Internationale de Boxe (IBA) dépose plainte contre le CIO

La Fédération Internationale de Boxe (IBA) continue de contester le droit octroyé aux deux boxeuses, Imane Khelif et Lin Yu-Ting, de concourir chez les femmes lors des Jeux Olympiques de Paris 2024.     Le président de la fédération (IBA), le Russe Umar Kremlev, annonce avoir « déposé plainte auprès du procureur général de la Suisse », […]

Lire la suite
Par Philippe Veber Le 20 février 2025

Edgar Grospiron, président du Comité d’Organisation des JO d'hiver

Le 13 février 2025, Edgar Grospiron, champion olympique de ski de bosses en 1992, a été proposé à la présidence du Comité d’Organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques d’hiver des Alpes françaises 2030.   Cette décision a été prise lors d’une réunion réunissant David Lappartient, président du Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF) ; […]

Lire la suite
Par Philippe Veber Le 17 février 2025

Ligue Nationale de Rugby, des défis financiers majeurs

La Ligue Nationale de Rugby (LNR) est actuellement confrontée à des défis financiers majeurs, notamment un redressement fiscal de 20,7 millions d’euros notifié au Groupement d’Intérêt Économique (GIE) France 2023, responsable de la commercialisation des programmes de voyages et d’hospitalités lors de la Coupe du Monde de Rugby 2023.   L’administration fiscale reproche au GIE […]

Lire la suite
Toutes nos actualités News